juifsdumaroc
  DIVERS ARTICLES SUR LE JUDAISME MAROCAIN
 

Le judaïsme dans le Rif et les Jbala…

traces et monuments

 

            Dans le Nord marocain plusieurs couches de peuplement juif se sont succédées et ont,  parfois,  fusionné. Il y avait le vieux fonds marocain, berbérophone ou arabophone que l’on retrouvait encore il y a cinquante ans en petits noyaux dans le Rif oriental, autour de Badis, Nador, Aknoul… A cette couche ancienne s’est mêlée la diaspora de Debdou, au cours des deux derniers siècles. On sait que cette petite ville de l’Oriental  comptait encore, dans les années 1920,   1400 juifs, soit 70% de sa population ! Or son activité, au point d’arrivée et de dispatching de la ligne caravanière provenant du Tafilalet, déclinait depuis le XIXème siècle, laissant en surnombre des générations de debdoubi-s qui se sont répandus vers Oujda, Missour, Midelt et ailleurs dans le Rif,  voire en Algérie. Pour une part, ils descendaient d’une immigration d’origine sévillane (Geros Shbilia 1390) mais avaient perdu l’usage de la langue castillane.

            Par contre, les juifs de Tétouan, Tanger, Chaouen, Asilah, Larache et El Qsar parlaient généralement  l’arabe avec  leurs voisins musulmans dont il adoptaient la prononciation, tandis qu’entre eux, ils s’exprimaient dans un savoureux dialecte espagnol, la hakitiya. Celui-ci avait conservé la prononciation du XVème siècle,  d’avant leur expulsion d’Espagne en 1492. Depuis,  leur parler s’était nourri de centaines d’arabismes tout en conservant des formes grammaticales archaïques et des sons /j/ et /z/ moyenâgeux, datant d’avant la prononciation moderne du castillan, stabilisée au cours du 17ème siècle[1].

            L’espagnol moderne a « ravalé » peu à peu cette prononciation hakiti au cours du protectorat. Il s’est imposé également à cette époque parmi les groupes de peuplement juif de la zone péniblement conquise par l’Espagne au terme de la « guerre du Rif » (1921-1926).

 

            Une vision inédite des juifs du Rif

            On dit que les petites communautés juives rurales rifaines avaient participé à la guerre d’une façon ou d’une autre ; c’est en tout cas ce que rapporte le journaliste Roger Mathieu dans son ouvrage « Mémoires d’Abdelkrim » (1927). L’auteur, qui a accompagné le héros du Rif dans son voyage maritime, après sa reddition, l’interroge au sujet du rôle des déserteurs européens dans l’artillerie rifaine. Le chef rifain remit les choses au point en ces termes :

      « Ne saurais-tu pas que tous les juifs du Rif, tous les bijoutiers et ferblantiers, qui sont légion, surtout chez les khmès, sont gens habiles qui s’adaptent en un rien de temps à la fabrication des grenades et à la manœuvre du canon ? »

            Le journaliste a-t-il fabulé ou « arrangé » des paroles ? A l’époque il n’était guère de bon ton de parler des juifs, et personne ne l’obligeait à le faire. Un demi-siècle plus tard les vérifications tentées ont confirmé une présence juive notable dans la tribu des  khmès   ; les petits peuplements juifs ont duré jusqu’en 1950/60, dans certains  villages et à Nador, « Torres de Alcala », etc. Au plan de la petite histoire, nous avons relevé le cas d’une famille de Fès dont le trisaïeul, trésorier du chef de la tribu, au début du 19ème siècle,  avait,  dit-on,  fui le Rif après avoir au cours d’un affrontement tribal… abattu l’amghar de la tribu ennemie…  Plus près de nous, trois juifs d’Aknoul et Taza ont leur cartes de résistants, qui reconnaissent leurs  activités concrètes en liaison avec l’Armée de Libération dans les années 1954-1955 qui marquèrent la fin du Protectorat.

 

            Debdou et sa diaspora

            Dans la partie du Maroc qui nous occupe dans le présent article et qui va de Tanger et El Qsar à l’Ouest à Oujda à l’Est,  on peut distinguer deux zones de peuplement juif. La plus orientale -le Rif proprement dit et les régions avoisinantes- avaient de petits noyaux autochtones, de juifs rifains. Durant les deux derniers siècles ils ont été alimentés en population juive à partir de Debdou et de Taza. La croissance de centres urbains tels que –Nador, Alhucema,  et Melilla-  a attirés des peuplements plus récents, particulièrement de Debdou dont la population juive était dramatiquement en « surnombre » de façon permanente depuis que la colonisation française avait ruiné  les routes commerciales qui, du Soudan parvenaient à Debdou à travers le désert et le Tafilalet avant de se séparer pour aller vers Fès à l’Ouest, Tlemcen à l’Est et la Méditerranée au Nord.   Désormais, les juifs « dbadba », fort industrieux par ailleurs, allaient se retrouver, en nombre, à Fès, Guercif, Taourirt, Berkane, à Melilla et Nador,  à Midelt et jusqu’au fond du Tafilalet, … ou en Oranie.

            Depuis dix ans, Debdou n’a plus un seul juif. Deux grands et beaux cimetières attestent de l’histoire de son peuplement.

            Une partie des dbadba se réclamaient de la première émigration juive venue d’Espagne en 1391, cent ans avant l’expulsion définitive des juifs (1492) et des musulmans andalous (1502). Ils avaient baptisé « Ain Sbilia » la source qui abreuve la ville, en souvenir de Séville,  cet ancien habitat, dont ils avaient oublié la langue[2]…  

 

            Juifs hispanophones

            Seules ont conservé au début du XXème siècle l’usage –familial et communautaire- de l’espagnol local ou hakitiya les communautés de Tétouan, Tanger, Asilah, Chaouen, Larache et El Qsar. Longtemps, -jusqu’au XVIIIème siècle –Tétouan resta,  la grande communauté hispanophone, avec de grands rabbins une activité maritime –et aussi horticole autour de la ville.  Tanger, libérée de l’occupation anglaise à la fin du 17ème siècle, n’avait pratiquement pas de population marocaine. Elle commença à se repeupler au XVIIIème. Sa communauté juive ne prit son autonomie par rapport au rabbinat de Tétouan qu’au début du XIXème siècle sous la direction de son premier rabbin-juge, Abraham Toledano. Tanger n’a jamais eu de mellah, même lorsque sa population juive s’accrut. Les deux quartiers (Soco chico, et Soco grande)  concentrait  une bonne part de celle-ci, et de ses synagogues.

            Quant à Tétouan, son  « vieux mellah » fut transféré, sur ordre du Sultan Moulay Slimane –en même temps que ceux de Rabat et Salé- sans doute en rapport avec la situation de guerre en Espagne voisine. C’est l’origine de l’actuelle juderia.

            De ce judaïsme « maroco-hispanique » il subsiste aujourd’hui  de très petites communautés, et des monuments intéressants.

 

            Dynamisme tangérois…

            A  Tanger deux synagogues fonctionnent encore. D’autres,  dans la « Rue des synagogues » sont fermées. Elles sont les témoignages concrets d’un judaïsme naguère florissant. 

            Le plus parlant en est la Synagogue Nahon, plus que centenaire et restaurée à l’identique pour être mise à la disposition des visiteurs et du tourisme. C’est un très bel édifice dont l’architecture traduit à la fois la vigueur d’un judaïsme tangérois  novateur, tourné vers le grand large, qui rapporte lustres et lampes de l’Europe, et surtout d’Angleterre. Mais on y trouve aussi un fond traditionnel, voire traditionaliste,  qui s’exprime à travers les stucs à l’ancienne. L’édifice a été restauré au début des années quatre vingt dix, par un fils de Tanger, architecte à New York, M. Siboni. Depuis, le monument est géré par la Communauté Israélite de la ville, qui en organise la visite et peut l’ouvrir  pour certaines activités culturelles.

            Autre haut lieu de la vie communautaire au XXème siècle, l’Hôpital Benchimol, fondé en 1903 par Haïm Benchimol et qui est certainement le doyen des hôpitaux marocains,  construit avant le protectorat. C’est, dans un cadre charmant, un témoignage de l’élan de modernité de Tanger et de sa Communauté juive au XIXème et début  du XXème siècles. C’était alors, au point de jonction du Maroc avec l’Europe, son économie et ses ambitions, un judaïsme en ébullition, revendiquant  et obtenant au moyen d’une mobilisation tenace,  le suffrage universel pour l’élection de ses responsables communautaires, de sa Junta

            Tanger était, à la fin du XIXème siècle, l’espace de développement d’un journalisme naissant, étranger ou marocain. Les journaux, plus ou moins durables ou éphémères, étaient édités en espagnol, en français[3]  et aussi en judéo-arabe. C’est ainsi que l’hebdomadaire Al Horria (La Liberté) s’exprimant en arabe dialectal et caractères hébraïques fut ici édité durant une dizaine d’années à partir de 1915.

            Tanger, ville sans Mellah, a connu le destin original du « statut international » durant un demi-siècle. Il en est resté un souvenir –littéraire ou cinématographique- plus ou moins « sulfureux » et forcement déformé. Mais ce qui était la conséquence de son statut international,  comme le change libre des monnaies internationales et les activités qui allaient avec, comme ces rangées de boutiques de changeurs, ainsi que les banques locales les plus anciennes du pays, -banque  Nahon, Pariente et autres- tout cela a disparu au 1956-1957. Et naturellement, ceux qui en vivaient ont émigré…

            Mais Tanger conserve, tout de même, une communauté juive organisée, avec synagogues et home de vieillards.

 

            Tétouan, destination touristique

            Tétouan, elle aussi conserve son casino, sa grande synagogue moderne… Mais elle est surtout une destination de visite, touristique et de pèlerinage religieux. Le Saint patron de la communauté juive, Rabbi Isaac Ben Walid qui la dirigea durant une longue période au XIXème siècle, attire chaque année pour sa Hilloula, des pèlerins venus de Casablanca, de Sebta et Tanger, de l’Espagne voisine, voire de plus loin. Sa tombe, au cimetière, ne porte aucune inscription, selon son vœu. Mais le cimetière dit « de Castilla » vaut le déplacement, même en dehors de tout pèlerinage. Sur une colline,  à la lisière de la ville, d’où l’on dispose d’un point de vue de toute beauté  sur les environs, quatorze hectares de souvenirs, de tombes dont le style typique, provient apparemment des siècles de vie en  Espagne des ancêtres de cette communauté restée très largement majoritaire  dans cette ville,  déserte au moment ou Sidi El Mandri la repeupla à partir de 1490 …

            Une dalle de pierre de la taille d’un être humain ; un cercle, large, évoque une tête au bout d’un corps ; une épitaphe si c’est une tombe  d’homme ; les anciennes tombes féminines sont anonymes mais la partie qui représente le corps est plus décorée, et comporte deux  cercles,  que certains interprètent comme des seins, ce que semble contrarier la tradition de pudeur du judaïsme. Ce sont les tumbas de vulto[4], ce qui signifie en vieil espagnol, « tombes à visages ». On en retrouve des spécimens, des variantes dans d’autres cimetières juifs, à Azemmour, à Essaouira entre autres. C’est bien un corps humain, ou féminin, qui est non pas « représenté » mais évoqué malgré l’ancienne « interdiction » religieuse des représentations humaines… Le plus étonnant est que le même terme se retrouve ailleurs, à Fès par exemple (prononcé « beulto ») pour désigner des tombes sans aucune velléité  représentative ou encore le socle des tombes en formé de parallélépipède. C’est que, cette ville, conserva au sein de sa communauté juive, et jusque dans les années 1950, un noyau de judaïsme pré-sepharade, tel qu’on le  pratiquait avant l’arriver  de l’exode espagnol. Les « vieux fassis » avaient  leur propre synagogue « del fassiyin », reconstruite au XVIIème siècle et leur rite « fassi » fixé dans un livre spécial « Ahabat ha-Qadmonim » (amour des anciens). Le rigorisme fassi a  fini par s’imposer en matière de tombes : pas de représentation humaine… Mais il fut un temps, au XVIème-XVIIème siècles ou les réfugiés d’Espagne étaient majoritaires et entreprenants… Il en est resté le mot (vulto) compris comme style tombal : l’objet désigné, à Fès,  n’évoque aucun visage…

            Mais revenons à Tétouan, à sa juderia ou mellah –selon que vous parliez en hakitiya ou en arabe. Les rues datent du XIXème siècle. Elles ne sont pas bien plus larges que celle d’une quelconque vieille ville marocaine ; mais elles sont rectilignes et se coupent à angle droit. On peut  visiter une, maison, toujours propriété de la communauté : c’est le style marocain  ou plus précisément tétouanais : cour centrale, arcs polylobés… On peut –et l’on doit- visiter aussi la Synagogue Ben Walid- tefila Ben Gualid pour les quelques dizaines de juifs qui, ici, gardent la tradition.

            Elle date du début du XIXème siècle. Sans doute a-t-elle été conçue tout d’abord comme une maison d’habitation. Mais rapidement elle est devenue tefilla, au rez-de-chaussée, tribunal rabbinique et yeshiva, au premier étage et appartement du rabbin au deuxième. La visite permet ainsi de se replonger dans le Tétouan traditionnel, pas si lointain que cela… Au rez-de-chaussée on peut même examiner le four spécial pour Pessah, réservé exclusivement à la cuisson du pain azyme, des galettes de Pâques.

            La Synagogue Ben Gualid toujours propriété des descendants du rabbin,  est gérée par la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain qui en a la location,  au dirham symbolique.

            Elle a été restaurée à l’identique grâce à une coopération fructueuse avec le Gouvernement autonome d’Andalousie et a été à  nouveau inaugurée le 18 Mars 2005, en présence de M.  Chavez, président de ce Gouvernement, de MM. Achaari, ministre de la Culture, du maire de la ville et Ministre des Travaux  Publics, M. Talbi, de M. Benhima alors directeur de l’Agence de Développement des Provinces du Nord. Elle est ouverte à la visite, et attire amateurs et touristes.

 

            D’Asilah à Chaouen

            Asilah, à quarante cinq kilomètres au sud de Tanger conserve son cimetière juif, rendu célèbre par un roman de Edmond Amran El Maleh qui y évoque le dernier juif inhumé. « Parcours immobile »…  

            A  la limite des deux anciennes zones de Protectorat,  El Qsar El Kébir connaît chaque année un pèlerinage fort fréquenté par les juifs du Nord,  celui de Rebbi Yehuda Jabali.

            A  Larache,  demeure encore une petite population juive. Mais pour  visiter sa synagogue Pariente, il suffit de se rendre au Musée du Judaïsme Marocain de Casablanca[5]. Où elle a été transférée en l’état où elle se trouvait, avec ses décorations et un magnifique tableau religieux ou la mosquée de Omar fraternise  avec le « mur des lamentations »…

            A l’intérieur du massif des  Jbala se trouve Chefchaouen, (ou Chaouen), qui a eu également une communauté de juifs hispanophones,  éteinte il y a deux ou trois décennies. La ville conserve un cimetière juif d’une grande beauté, par son site en forte pente, aux portes de la ville, par le style « cru » de ses tombes dont les bâtisseurs s’efforçaient de reproduire le style « anthropomorphique » (en vigueur à Tétouan et ailleurs) sans en avoir les moyens matériels et techniques. Ils  parvenaient tout de même à composer des monuments funéraires à l’émouvante simplicité, et dont presque aucun ne porte d’inscription…

            Ce cimetière a été restauré avec l’aide de l’Agence de Développement des Provinces du Nord : nouveau mur de clôture, allée empierrée, etc.

            Chaouen est une ville délicieuse exemplaire par sa propreté, chaulée en permanence, y compris le sol des rues. De son mellah il ne reste de visible qu’une porte à deux battants, toujours présents : c’est sans conteste la seule bab  al-mellah qui puisse encore se fermer… sans avoir personne à protéger !

 

            Rabbi Amran Ben Diwan

            Ouazzane est, en quelque sorte, le « pèlerinage-des-pèlerinages » pour le judaïsme marocain…. Deux fois l’an le cimetière situé à deux kilomètres, à Asjen, s’emplit de pèlerins qui vont allumer un cierge ou des montagnes de bougies, prier et reprendre la route, mais plus souvent passer quelques jours auprès de la tombe de Rebbi Amran Ben Diwan. C’est le Saint juif le plus renommé. Le Maroc, compte plus de six cents saints juifs recensés[6] ; une trentaine ont encore leur hilloula annuelle, leur public, leurs « fans » juifs –et parfois musulmans- originaires le plus souvent d’une région  donnée,  comme Rebbi Haim Pinto (Essaouira), ou Rebbi Abraham Moul Niss (Azemmour). Mais Rebbi Amran Ben Diwan lui, concerne tout le Maroc. Visité toute l’année, il a deux hilloulot : l’une est commune à tous les saints, au printemps, le 18 Iyar, appelé aussi Lag Baomer, et une autre, qui lui est propre, le 1er Elloul date qui se déplace, selon les variations du calendrier religieux entre mi-Août et mi-Septembre.

            A ces occasions, le cimetière d’Asjen connaît une affluence notable. L’hébergement des pèlerins, venus de diverses régions du Maroc, mais aussi de divers pays de résidence des juifs marocains, nécessite, outre les maisons construites dans le cimetière, autour de la synagogue, l’édification d’un village de tentes… Dernièrement une grande salle des fêtes a été édifiée  pour le plus grand confort des pèlerins qui y prennent leurs repas et y assistent à la cérémonie de la vente aux enchères de l’allumage traditionnel des lampes à huile ou des cierges dédiés à Rabbi Amran et à d’autres Saints…

            Le tombeau du saint, lui, reste le même : un kerkour, amoncellement de pierres brutes, à l’ombre d’un olivier, qui reçoit les milliers de bougies des pèlerins, en un embrasement qui dure des heures, chaque jour, durant la hilloula

            Ouazzane était, et demeure, un centre regional actif au sud des Jbala. Les chorfa Ouazzani y avaient installé, déjà au XVIIIème siècle, une communauté juive qui avait son mellah, ses synagogues… L’école est toujours là, avec sa salle de prière. En face d’autres bâtiments dont une synagogue dans un enclos, attendent une restauration qui augmentera l’intérêt touristique de la ville.

Simon LEVY

Décembre 2006



[1] C’est ainsi que leur /j/ n’avait pas évolué vers la jota moderne et conservait la valeur d’un /j/ français ou /ج/ arabe, leur /z/ était toujours vibrant et sonore tandis que le castillan moderne l’avait transformé en un son interdental, (th de l’anglais thing). Par contre, les sons de l’arabe et de l’hébreu, avaient accompagné les centaines de mots empruntés à ces langues sémitiques.  

[2] Contrairement aux expulsés d’Espagne de 1492 restés majoritaires à Tétouan ou Tanger, ceux qui émigrèrent en Afrique du Nord en 1391, appelés « émigrés de SévilleGeros Sbilia » ont perdu l’usage du Castillan au contact des juifs arabophones. A Fès ils se considéraient comme toshabim, autochtones, par rapport aux émigrés de 1492, méghorashim. Leur langue n’avait conservé que quelques hispanismes spécifiques. Elle se caractérisait surtout par la prononciation correcte des sons « ch » et « j », systématiquement alignés ailleurs sur « s » et « z ».

[3] L’enseignement du français commença en 1862, à Tétouan, et quelques temps  plus tard à Tanger, avec l’ouverture, des premières écoles de l’Alliance Israélite Universelle.

[4] En castillan médiéval, vulto (prononcé beulto à Fès) est un visage. En espagnol d’aujourd’hui bulto n’est plus qu’une « forme vague ; voire un « colis ».

[5] 81. Rue Chasseur Jules Gros. Casablanca-Oasis. Ouvert chaque jour, de 10h à 18h.

[6] Voir sur  cette question les ouvrages de L. Voinot, Pèlerinages judéo-musulmans du Maroc, Paris, 1948, et Ben Ami, Issakhar, Culte des Saints et pèlerinages judéo-musulmans au Maroc, Paris, 1990 (Maisonneuve et Larose).








 
  Aujourd'hui sont déjà 1 visiteurs (1 hits) Ici!  
 
Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement