Lieux de pèlerinage : il existe un jour dans l’année, exactement le 33ème jour du Omer, correspondant au 13 Iyar de chaque année, où il est d’usage chez les juifs Marocains d’aller s’incliner sur les tombes des saints. Les autorités locales honorent de leur présence ces festivités, de plus, elles assurent le soutien logistique des pèlerins, leur permettant ainsi de se recueillir en toute tranquillité.
Tous les pèlerinages importants sont équipés pour un hébergement correct des pèlerins.
Saints juifs du Maroc les plus célèbres:
1-Rebbi Amrane Ben Diwane (à Azjen, Ouezzane) :
La tradition situe sa naissance à Hébron et il serait arrivé au Maroc au début du XVIIIème siècle à titre de rabbin-quêteur. Il est enterré près du cimetière d’Azjen, à 9 km d’Ouazzane ; sa sépulture se trouve sous un amas de pierres, au pied d’un olivier sauvage. Ses hilloulot sont célébrées trois fois par an : le lag ba comer, le 15 Ab (anniversaire de son décès) et à la néoménie du mois d’Ellul, selon le calendrier hébraïque.
2-Rebbi David U-Mosheh à Timzrit, (région d’Ouarzazate)
Il est l’un des plus célèbres saints du Maroc. La tradition situe son origine en terre sainte. Sa hillulah est célébrée à la néoménie de Kislev.
3-Rebbi Haïm Pinto (à Essaouira)
R. Haïm appartient à l’illustre famille Pinto qui a donné naissance à plusieurs saints. Il est appelé usuellement R. Haïm Pinto le Grand, pour le distinguer de
son petit fils qui porte le même nom.
Né à Agadir, il résida depuis l’âge de dix ans à Essaouira, où il décéda le 26 Ellul 5605 (1845).
Son érudition et sa thaumaturgie lui valurent la célébrité de son vivant.
Le rabbin Haïm Pinto est réputé dans tout le Maroc et ses louanges ont déjà été publiées dans deux recueils en judéo-arabe (M. Mazal-Tarim, Sefer Shebah Hayyim, Casablanca, 1961).
Parmi les autres saints de la famille de R. H. Pinto, notons R. Shelomo Pinto son père, R. Yehudah Pinto son fils, et R. Hayyim Pinto le jeune, son petit fils.
4-R. Haïm Pinto (Casablanca)
Le Rabbin Haïm est un saint populaire qui vécut à Mogador et à Casablanca, où il mourut le 16 Heshwan 1937. il est enseveli dans l’ancien cimetière de la ville. Il est le fils de R. Yehudah Pinto et le petit fils de R. Haïm Pinto qui est enterré à Essaouira. Il est connu sous le nom de « R. Haïm Pinto le jeune » pour le distinguer de son grand-père, « le grand ». La maison qu’il habitait à Casablanca, située au 36 de la rue du Commandant Provost, est devenue un lieu de pèlerinage.
5-Lalla Solika (a Fès)
Sol Hatshuel, est née à Tanger en 1817. on l’appelle généralement Solika Ha-Saddiqah ou Lalla Solika et elle est la sainte juive la plus célèbre au Maroc. Les faits historiques datent de 1834, lorsque Solika, jeune fille, a été déférée en justice par une voisine musulmane, qui affirmait que Sol avait embrassé puis renié l’Islam. La jeune fille a été arrêtée puis fut condamnée à mort à Fès. Les juifs de la ville lui construisirent un tombeau exceptionnel au cimetière juif, près de celui de R. Abner Ha-Sarfati, auteur de Yhas Fas, chronique de la Communauté.
6-Mecarat Oufrane (ou cimetière d’Oufrane) à Ifrane de l’Anti-Atlas à 80km de Tiznit : 1er
Mecarat Oufrane est aussi appelée Mecarat hanisrafim (la grotte des Brulés) le cimetière d’Oufrane est très ancien 2000 ans, dit on.
Non loin du cimetière, se situe le Mellah d’Oufrane, un immense quartier juif, où la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain a restauré en 1999 la synagogue qui porte d’ailleurs le même nom.
7-Rebbi Raphaël Anqawa (à Salé) ; (1848-1935). Président du Haut Tribunal Rabbinique et Juge respecté de toute la ville, il est enterré au cimetière juif de Salé.
8-Rebbi Yehia El-Khder (à Ben Ahmed, non loin de Casablanca)
Rebbi Yehia Lakhder, « le vert », selon la tradition il serait enterré à gauche de l’entrée du sanctuaire, sous un petit talus où se trouvent trois foyers pour l’allumage des cièrges.
La hillulah de R. Yehia Lakhder est célébrée le jour de la Mimuna et à lagba-comer. Selon une tradition il serait le frère de R. Eliyahu de Casablanca. Selon une autre, il serait originaire de Terre Sainte.
9-Les Sept saints Ouled Ben Zmirou (Leur tombe est située derrière Hôtel Safir à Safi) :
Les Oulad ben Zmirro appartiennent à une famille d’expulsés d’Espagne influente dans les cercles gouvernementaux et parmi les juifs. De nombreuses légendes sont nées autour de ce nom.
10-Rebbi David Lashqar (Moulay Ighi) (à Zarkten à 70km de Marrakech)
Moulay Ighi est l’un des saints les plus vénérés par les juifs du Maroc. Il serait arrivé au Maroc de Terre Sainte. Certaines traditions l’identifient à R. David Alshqar qui est enterré à Casablanca. Les fidèles qui ne pouvaient pas se déplacer à Ighi (à 100km de Demnate) allaient se recueillir au sanctuaire de Casablanca.
R. David Alshqar est connu également sous le nom de « moul shejra elkhedra » (le maître de l’arbre vert) à cause de l’arbuste qui pousse près la tombe et qui ne se consume jamais malgré les flammes des bougies.
11-Rebbi David Ben Barukh (à Aoulouz – région de Taroudant)
Il est souvent désigné du nom affectueux de Baba Doudou, ou de R. David Ben Barukh « le jeune ». Il est l’arrière petit-fils de R. David Ben Barukh (qui est enterré à Azrou n’Ba Hamou), le fils de R. Barukh Ha-Cohen (enterré à Taroudant), et le cousin germain de R. Pinhas Ha-Cohen.
12-Rebbi Abraham Awriwer (Moualin Dad –Oulad Bouziri, région de Settat)
Il est également désigné du toponyme Mwalin Dad du nom de la colline où il est enseveli. Sa hillulah a lieu à lag ba comer. Ses disciples seraient ensevelis près de lui. Il est célèbre pour ses miracles, en particulier en direction des femmes stériles. Les musulmans de la région qui pratiquent ce pèlerinage, l’intitulent Sidi Brahim.
13-Rebbi Shelomo Bel- Hans (vallée de l’Ourika à 45km de Marrakech)
Sa désignation signifie « fils de la couleuvre », le reptile. Les musulmans qui se rendent à ce pèlerinage le nomment Moul Asguine.
14-Rebbi Nessim Ben Nessim (Aït Bayoud – région d’Essaouira). Un magnifique village spécialement construit à cet effet y accueille les pèlerins.
15-Rebbi Eliahou (cimetière juif de Ben M’Sik – Casablanca)
R. Eliahou est très célèbre à Casablanca et dans la région. C’est le saint patron de la communauté juive, Moul Dar El-Beïda (le maître de Casablanca) ou qandil El Blad (le luminaire de la ville) la tradition, comme c’est le cas très souvent, situe son origine en Terre Sainte. Au début il était entérré au cimetière d’El Bhira, puis ses ossements furent transférés au nouveau cimetière de Ben M’Sik où il est honoré par un beau mausolé.
16-Rebbi Abraham Moul Ness (Azemmour ville)
R. Abraham Moul Ness ou « le Maître du Miracle ». pèlerinage fameux et original : situé dans une grotte il y règne une atmosphère particulière, mais le patronyme du saint est oublié.
17-Rebbi Itshak Abouhassera (Gourrama, près de Rich, dans la vallée du Ziz, vers Tafilalet)
R. Yishaq appartient à l’illustre famille de saints Abouhsira et il est le fils de l’ancêtre de cette dynastie, Rebbi Yacob, qui est enterré à Damenhour, en Egypte. R. Yishaq est né à Boudenib au Tafilalet, il est décédé à l’âge de trente six ans.
18-Rebbi David Drâa Ha-Lévy (à 95km de Marrakech, 11km de Demnate)
C’est l’un des saints les plus populaires. Souvent on l’appelle Dawid Drâa, Moul Nakhla (le Maître du palmier) ou Moul Enekhla El Khadra (le Maître du palmier vert).
19-Rebbi Yosef Bajayo (Ntifa)
R. Yosef Bajayo (Abu Jayo, Ajayo, Abajayo ou Ben Ajayo) serait d’après la tradition locale, un rabbin-collecteur venu de terre sainte. Il est mort à Tabia dans les années vingt, et il est enterré à Ntifa.
20-Rabbi Ishac Ben Oualid (Tétouan) : Grand rabbin de Tétouan au XIXème siècle et professeur, sa maison était devenue synagogue, yeshiva et tribunal rabbinique. Sa tombe est objet de pèlerinage pour les juifs originaires du Nord Marocain. Sa synagogue restaurée (avec l’aide de la Junta de Andalucia) est ouverte à la visite.
21-Rabbi Chalom Zaoui (Rabat) : Ce grand Rabbin vénéré est enterré au cimetière de Rabat, son tombeau est un lieu de pèlerinage en particulier pour les juifs de Rabat-Salé.
22-Rabbi Chlomo Amar (Béni Mellal) : La ville de Béni Mellal a aussi ses saints. Rabbi Chlomo Amar est vénéré pour sa sainteté et ses miracles.
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PRESENTATION
C'est vrai que le nombre de Juifs au Maroc a bien diminué. Mais le judaïsme est toujours vivant et organisé.
Les juifs marocains sont attachés à leur pays, même quand ils n'y vivent plus. Car le Maroc et d'autres pays musulmans, sont tolérants envers les religions du livre -juifs et chrétiens-. Au Maroc, il y a eu des juifs députés, ministres, un juif (André Azoulay) est conseiller du Roi actuellement. Un autre est ambassadeur itinérant, c'est le président du Conseil des Communautés Juives. Ce Conseil regroupe les Communautés de Casa, Rabat, Tanger, Meknès, Fès, Marrakech, Agadir... En tout, 5000 juifs plus ou moins.
Une trentaine de pèlerinages attirent des centaines de juifs marocains d'ici et du monde jusqu'aux confins du désert, comme à Gourrama, au Tafilalet.
Nous avons toujours nos écoles juives (trois réseaux). L'Ittihad, le plus important accueille aussi des musulmans. Ces écoles, privées, reçoient une aide de l'État.
Notre judaïsme est donc diminué en nombre, mais vivant avec tous ses organismes.
Quant à notre Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain, fondée en 1995, elle a créé le Musée du Judaïsme Marocain et restauré des synagogues et vieux cimetières qui attirent de nombreux visiteurs.
Finalement, malgré le conflit du Moyen Orient, le judaïsme marocain a toujours sa place au Maroc. Un exemple: nos rabbins-juges, fonctionnaires de l'État et payés comme tous les juges, jugent les juifs, selon la Halakha, pour les problèmes de mariage, divorce, héritage et autres questions privées et familiales.
Quant à comparer avec la situation des juifs sous la colonisation française, je rappellerai seulement que, entre 1940 et fin 1942, la France nous a appliqué le "Statut des Juifs", ensemble de lois racistes qui préparaient des lendemains tragiques. Le débarquement des troupes US, anglaises et autres alliés nous a sauvés.
Depuis, les juifs ont émigré sous l'influence du mouvement sioniste, avec l'accord des autorités françaises, ou marocaines après 1961...
Le nombre de synagogues à Casablanca donne un élément de réponse positif.
En définitive, les juifs marocains sont marocains depuis 2000ans. Le Maroc a accueilli les juifs expulsés d'Espagne en 1492. Il y a eu des périodes plus difficiles (au 12ème siècle ou en 1790-92). Mais il y a eu aussi de nombreux ministres et ambassadeurs, et enfin des militants pour l'Indépendance du Maroc et la Démocratie...
Quant à Beth El: c'est une synagogue construite par les juifs algériens résidents à Casablanca après la guerre en 1949. Elle appartient toujours à l'Association des juifs d'Algerie (français de nationalité) à Casablanca. Ils sont aujourd'hui peu nombreux, mais jadis ils avaient un cérémonial inspiré des juifs de France (y compris l'habit blanc de l'officiant). Aujourd'hui, c'est la plus grande des synagogues modernes de Casa. Il y a encore une vingtaine d'autres synagogues en activité à Casa.
Simon LEVY
Secrétaire Général de la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain
Directeur du Musée du Judaïsme Marocain de Casablanca