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  FONDATION DU PATRIMOINE CULTUREL JUDEO-MAROCAIN
 
FONDATION DU PATRIMOINE CULTUREL JUDEO-MAROCAIN
  
Assemblée Générale du 28 juin 2009
Rapport du Secrétaire Général
 
                La Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain a été créée fin 1995. Son objectif  est la sauvegarde de la culture historique du Judaïsme Marocain, aussi bien au niveau des monuments socio-religieux que de la culture orale, musicale, littéraire, culinaire, etc.

I- Bilan rapide :
Durant les 14 années écoulées, notre Fondation a restauré les synagogues de Tétouan (Ben Gualid), Meknès (Meyer Tolédano), Fès (Ibn Danan), Khmis Arazan, Oufran de l’Anti-Atlas, et Ighil N-Ogho dans le Sous ; à Sefrou, nous avons commencé la réfection de la Grande Synagogue  et la Communauté de Fès s’est engagée a achever les travaux, en même temps qu’elle s’occupe de restaurer le cimetière.
Nous avons restauré le cimetière de Chaouen avec l’aide de l’Agence du Nord. A Azemmour nous avons dressé le plan de sauvegarde du magnifique cimetière au bord du fleuve, avec ses tombes en forme humanoïde.
D’autre projets sont restés au stade de plans architecturaux dressés par nos soins comme celui de la synagogue Attia d’Essaouira, qui attend un financement spécifique. A Errachidiya, la synagogue centrale devra être restauré, cet automne.
         La Fondation contribue également à la connaissance de notre culture à travers des activités dans diverses villes du Maroc et du monde : exposition au festival d’art culinaire  à Fès de Zhor Rehihil, diverses conférences dans le cadre du Festival des Musiques Sacrées de Fès, semaine juive à Al Akhawain avec « Mimouna Club » association d’élèves de cette Université qui sont nos partenaires depuis plusieurs années, participation à la journée d’études sur la culture Judéo-Maghrebine, (30/05/09 à Rabat) deux journées d’Etude sur l’œuvre de Germain Ayache (Faculté de Rabat) ; 4ème Festival de Culture Amazighe à Fès (juillet 2008). De même nous avons participé au 1200ème anniversaire de la Fondation de la Ville de Fez, tout d’abord en rappelant certains aspects historiques de la participation juive à l’histoire de la capitale spirituelle, puis en participant à la journée du 23 octobre 2008 au Hayat Regency, qui s’est achevée par une soirée au Musée du Judaïsme Marocain.
         Je dois ici souligner l’importance du legs de notre regretté Me Georges Berdugo et de son frère. Il s’agit d’un ensemble respectable d’enregistrements musicaux dont une bonne part touche à notre musique et à notre culture traditionnelles. Il viendront enrichir notre collection, et, pour rendre hommage à ce geste et à la mémoire de notre regretté Georges, nous préparons une soirée pour la rentrée de l’automne.
         Le Musée à également participé à des activités internationales par des prêts ou participations directes, au Brésil en Belgique, Hollande, Espagne, etc.

-                    Slat El Fassiyin de Fès : C’est une tâche immédiate, indiscutable,  de la restaurer, car elle représente une tranche d’histoire du judaïsme. Aux 15ème-16ème siècles, lorsque les coutumes des communautés espagnoles réfugiées au Maroc s’opposaient aux antiques traditions des juifs de Fès de Tafilalet, etc. Les juifs d’Espagne (20.000 sur 80.000 juifs au total) installés dans les grandes villes (au Nord et, à Fès) avaient leur langue et leurs coutumes. Ceux de Fès aussi, qui n’admettaient pas de se retrouver en minorité chez eux c’est pourquoi, Fès eut, longtemps, deux rites, deux langues (espagnol et arabe), et des synagogues différentes selon les traditions respectives… Et cela durait encore en 1970, lorsque Slat Al Fassiyin fut désaffectée, et, hélas, vendue en partie. Depuis, les tentatives, se sont succédées pour récupérer cette doyenne des synagogues. C’est pratiquement fait à présent, et nous espérons commencer la restauration dans les prochaines semaines. Il nous faudra rendre hommage aux généreux donateurs, Mme Patricia Bensaoud de Lisbonne, la Fondation Cahman de New York, le Gouvernement Allemand, la famille Berdugo à la mémoire du regretté Jacques Berdugo, et ceux qui, dans les délais les plus courts, auront à cœur de compléter la liste des donateurs dont les noms resteront ainsi inscrits au tableau d’honneur de notre patrimoine, etc. L’Assemblée Générale de  la Fondation adresse ses remerciements et ses félicitations aux généreux donateurs.
-                    Il reste beaucoup à faire : Les restaurations n’ont pu atteindre l’ensemble des grandes villes. A Essaouira, deux synagogues attendent : Slat Attia et Slat Al Kahal ; à Marrakech, Debdou, Tafilalet, d’autres monuments attendent. Le Mellah de Sefrou mériterait une action de sauvetage d’ensemble. Ces actions à venir, et dans les délais les meilleurs, devront être accompagnées  de mesures de gestion (gardiens, entretien, etc.). Dès à présent nous assurons de petites rémunérations aux gardiens des sites restaurés. Slat Ibn Danan rapporte même quelques revenus, non négligeables en haute saison touristique.
Certaines communautés, éteintes ou presque, ont des biens qui gagneraient à être gérés de façon plus régulière. L’ensemble du tissu communautaire en serait bénéficiaire. Nous pourrions alors, facilement faire face aux tâches de restauration et d’entretien ; peut être même avoir, au niveau central communautaire, un véritable bureau de gestion des biens.
 
II- La Fondation, garantie de survie du judaïsme marocain
     Notre communauté marocaine a 2000 ans d’existence. Nos rabbins ont écrit des milliers d’ouvrages, dans tous les registres. Ils ont écrit en hébreux mais aussi en arabe, classique aux  8ème – 13ème siècles (Ex. : Yehuda Ben Qoraish, et les autres linguistes ; Maimonide, Ibn Aquin, et autres philosophes).
     Plus tard, vers le 16ème siècle, l’arabe maghrébin dialectal a remplacé le classique : c’est une bibliothèque, immense et couvrant tous les domaines du savoir qui attend chercheurs et lecteurs et dont notre musée présente un ensemble de spécimens. Tout cela est peu connu, quelque peu oublié ou méprisé. Mais c’est cela l’apport dit « sépharade » à la culture juive. En fait, c’est d’apport à 90% marocain qu’il s’agit et il faut le connaître et reconnaître : c’est encore une tâche de notre Fondation qu’il nous faudrait développer.
     Car il nous faut prendre conscience, chaque jour davantage, que même réduite à quelques milliers d’individus, notre communauté reste irremplaçable en ce qu’elle représente une continuité historique cultuelle et culturelle de deux millénaires, une personnalité propre, forgée au sein de l’histoire marocaine, et héritière du legs andalou et espagnol.
     Nous sommes aussi responsables de la culture d’une communauté mère de nombreuses communautés filiales de par le monde. Les relations ne sont pas toujours simples ni claires. Mais, au moins au niveau culturel, il est souhaitable de renforcer et clarifier les relations avec les communautés judéo-marocaines de par le monde, y compris celles qui s’auto-qualifient de « sépharades »…
     Il est vrai que depuis que le judaïsme marocain a affirmé sa volonté de vivre et agir, depuis que nous avons créé notre Fondation, après le Rassemblement du Judaïsme Marocain, une certaine concurrence se fait jour.
     Elle est la bienvenue si elle reflète la nécessaire autonomie de pensée et d’action des Communautés, - toutes majeures -, a l’instar de chaque citoyen originaire du Maroc, responsable. Elle est négative, si à l’instar d’Arrik Délouya et de ses quelques amis, elle s’autorise à condamner de façon ordurière, l’action autonome de notre Conseil des Communautés et de notre Fondation, en la dénaturant à sa convenance. Les désaccords, la discussion sont inévitables en période de transition, dans tous les domaines. Ils ne se règlent ni par l’invective, ni par la passivité. Personne ne peut aujourd’hui s’instaurer « Cohen-Gadol » !
     Et cela d’autant mieux que de l’étranger, on ne peut connaître, et encore moins juger, ce que des membres de notre Communauté prennent la responsabilité de faire, ici, en tant que juifs d’un pays arabe, en langue arabe, en direct, sur 2M pendant 40 minutes. Il m’a été donné de le faire en plein conflit, face à un journaliste palestinien. Le public a ainsi pu entendre, pour la première fois, des paroles qui réévaluent les responsabilités de chacun, y compris celles de Hamas. L’émission a été rediffusée quatre fois sur chaque chaîne, et je reçois encore, six mois plus tard, les échos positifs d’une opinion équilibrée et responsable.
     Il nous faut donc aboutir à une conception saine des rapports avec le Judaïsme marocain émigré (et aussi mondial) basée sur deux points cardinaux :
1-        L’héritage du Judaïsme Marocain est au Maroc, et il reste d’abord de la responsabilité de notre Communauté, et de notre Fondation.
2-        Les prolongements de notre Communauté de par le monde doivent admettre la pluralité de pensée et d’activité de notre judaïsme pluriel de par la géographie, la culture environnante et les responsabilités.
Et pour mieux affirmer notre judaïsme il faut défendre, renforcer et élargir l’action de notre Communauté et de notre Fondation.

III- Améliorer les moyens matériels
Jusqu’à présent la Fondation reste dépendante de la Communauté de Casablanca au niveau matériel. L’aide Communautaire est indispensable pour couvrir les salaires et factures d’Eau, Electricité, Assurances.
Les rentrées propres du Musée (et de la Synagogue Ibn Danan) sont en progrès très net, mais restent subordonnées à la conjoncture (Moyen Orientale principalement).
     Restent les cotisations propres des membres de la Fondation. Elles sont irrégulières et pourraient  s’améliorer, entrer dans les mœurs, devenir automatiques. Mais elles sont toutes dignes de remerciements.
Mais il est des solutions plus radicales et durables. Pourquoi ne pourrions nous pas profiter davantage des bâtiments du collège des Lubavich dont la cinquantaine d’élèves pourraient dès octobre être relogés dans les classes vacantes de l’Ittihad ? L’enseignement privé est une activité fort lucrative, à même de résoudre nos problèmes financiers.

IV Projets immédiats
     Nous devons régler ce genre de questions rapidement, au cours des vacances scolaires immédiates. Car le temps presse, et ne pardonne plus aux retardataires.
Il nous faut sauver nos synagogues à commencer par Al Fassiyin, mais aussi à Essaouira, Marrakech, El Jadida…
Il nous faut penser rapidement à former des cadres de remplacement. Dès à présent, le Musée a besoin d’un guide compétent pour nous seconder, Zhor et moi-même. Car les visites du Musée, prioritaires, se font au détriment d’autres urgences.
Il faut mettre à la disposition du public l’importante bibliothèque du Musée, ce qui demande une véritable organisation, et un emploi, ne serait-ce qu’à temps partiel.
Mais il faut, avant tout, convaincre notre communauté, toute notre communauté,  du caractère indispensable,  fructueux et durable de la Mission de notre Fondation.
Je vous remercie.
Simon   LEVY
 

 
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